
Dans le grand théâtre de l’économie mondiale, où Donald Trump agite ses droits de douane comme un gamin avec une boîte d’allumettes, on pourrait espérer que les patrons francophones se décident enfin à passer le flambeau de leurs entreprises. Mais non, de Paris à Kinshasa, de Québec à Bruxelles, c’est le même refrain : les vieux lions préfèrent ronger leur os jusqu’à la moelle plutôt que de lâcher les rênes. Bienvenue dans le soap opera de la transmission d’entreprise, version 2025, avec taxes en guest star et ego en vedette.
Le décor, d’abord : Trump, toujours aussi fan de son « America First », balance des tarifs douaniers sur tout ce qui n’a pas un drapeau étoilé cousu dessus. Résultat ? Les exportateurs francophones, qu’ils vendent du vin bordelais, des frites belges, du sirop d’érable québécois ou du cacao ivoirien, se prennent des claques à chaque frontière. Les valorisations des boîtes font le grand huit, et transmettre son entreprise dans ce bazar, c’est comme essayer de vendre un chameau en plein désert : t’as du stock, mais personne n’achète.
Et pourtant, le problème ne vient pas que de l’Oncle Sam. Dans les pays francophones, on a une spécialité : les patrons qui s’accrochent comme des moules à leur rocher. En France, on frôle les 700 000 entreprises à céder d’ici dix ans, mais les cessions traînent comme un escargot sous Valium. Au Québec, les baby-boomers préfèrent skier à Mont-Tremblant plutôt que de former un successeur. En Belgique, on tergiverse entre une reprise familiale et une bière, et en Afrique francophone – Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun –, les fondateurs se méfient des repreneurs comme d’un politicien promettant des routes neuves. Partout, le même constat : on veut bien transmettre, mais pas tout de suite, pas à n’importe qui, et surtout pas à perte.
Sauf que Trump et ses taxes ne font qu’empirer le merdier. Les acheteurs étrangers, déjà rares, regardent ailleurs : pourquoi investir dans une PME wallonne ou une usine togolaise quand les coûts d’import-export grimpent plus vite qu’un thermomètre en été ? Les fonds d’investissement, eux, préfèrent miser sur des start-ups à San Francisco plutôt que sur la fabrique de chocolat de grand-papa à Lausanne. Et les repreneurs locaux ? Entre les lois fiscales aussi claires qu’un discours d’ivrogne et les banques qui prêtent avec des pincettes, ils jettent l’éponge avant même d’avoir commencé.
Le plus drôle – ou le plus triste, selon l’humeur –, c’est qu’il y aurait des solutions sous le nez. Au Québec, les coopératives de travailleurs (genre SCOP) pourraient reprendre des boîtes en perdition, mais les patrons les snobent, trop « hippies » pour eux. En Afrique, les jeunes entrepreneurs débordent d’idées, mais sans capital ni réseau, ils restent sur le banc de touche. En Belgique et en France, on parle de « pactes Dutreil » ou de « fonds de relance », mais ces machins sont aussi sexy qu’un formulaire administratif un lundi matin. Pendant ce temps, les entreprises ferment, les emplois s’évaporent, et les dynasties familiales s’éteignent comme des bougies oubliées.
Alors, quoi ? On pourrait secouer les gouvernements francophones pour qu’ils arrêtent de bricoler des lois inutiles et facilitent vraiment les transmissions – moins de paperasse, plus de carottes fiscales. Ou, soyons fous, envoyer Trump en stage chez un chocolatier suisse pour qu’il comprenne que taxer le monde ne relance pas l’économie, ça la crame. En attendant, nos patrons vieillissent, leurs boîtes périclitent, et l’avenir regarde ailleurs. Bravo le casting, joli fiasco.